Wall Street enchaîne une 9e semaine de hausse malgré un ISM décevant

Introduction : Wall Street défie l’incertitude
Jamais la célèbre métaphore du « taureau de Wall Street » n’a autant pris son sens qu’en ce début d’octobre 2025. Malgré un contexte économique incertain, marqué par un nouveau shutdown du gouvernement américain et la publication d’un ISM des services au plus bas, les marchés financiers américains franchissent de nouveaux records. Le Dow Jones et le S&P 500, véritables baromètres de la finance mondiale, poursuivent leur ascension pour la neuvième semaine consécutive, affichant une résilience qui intrigue autant qu’elle fascine.
Alors que les investisseurs étaient privés des traditionnelles statistiques économiques, notamment les chiffres de l’emploi, en raison de la paralysie des administrations fédérales, la Bourse de New York a continué d’aligner les séances dans le vert. Ce paradoxe, où la prudence habituelle face à l’incertitude cède la place à un appétit prononcé pour le risque, mérite une analyse approfondie. Pourquoi Wall Street ignore-t-il les signaux d’alerte ? Quels acteurs tirent leur épingle du jeu ? Quelles perspectives pour les semaines à venir ?
Dans cet article, plonge au cœur de cette séquence historique, décrypte les moteurs de la hausse, analyse l’impact du shutdown, et anticipe les enjeux qui façonneront les prochains mouvements boursiers.
Shutdown américain : un contexte inédit mais peu dissuasif
Pourquoi le shutdown inquiète-t-il d’ordinaire ?
Aux États-Unis, un shutdown intervient lorsque le Congrès ne parvient pas à voter le budget fédéral à temps. Cela se traduit par la suspension de nombreuses administrations, le gel de certains services publics et surtout l’arrêt de la publication de données économiques majeures, comme le rapport mensuel sur l’emploi. Traditionnellement, cette incertitude institutionnelle pèse sur les marchés, les investisseurs craignant un ralentissement de la consommation et un impact négatif sur la croissance américaine.
Mais ce mois d’octobre 2025 déroge à la règle. Malgré la paralysie partielle de l’État fédéral, l’absence de publications officielles n’a pas refroidi l’enthousiasme des opérateurs. Selon la plateforme Trading Economics, le S&P 500 a atteint un plus-haut historique à 6 754 points au 6 octobre, en hausse de plus de 18 % sur un an. Le Dow Jones, lui aussi, tutoie les sommets, tout comme le Nasdaq, illustrant un rallye généralisé des actions américaines.
L’effet paradoxal de l’absence de statistiques
L’absence de données officielles, loin de freiner l’appétit pour le risque, semble avoir sécurisé les marchés dans leur trajectoire haussière. D’après Charles Schwab, les investisseurs ont tout simplement « fait fi » de l’absence de rapport sur l’emploi, préférant se focaliser sur les perspectives de baisse des taux de la Réserve fédérale et l’effervescence autour de l’intelligence artificielle.
Cette situation inédite brouille les repères habituels. Privés de leur boussole statistique, les acteurs du marché se tournent vers d’autres indicateurs, comme la liquidité disponible et les annonces des entreprises, pour orienter leurs décisions. Cela explique en partie la poursuite du rallye, en dépit de l’incertitude politique et économique.
Un ISM des services décevant, mais un marché imperturbable
L’indicateur ISM : un signal d’alerte ignoré
L’indice ISM des services, qui mesure l’activité du secteur tertiaire aux États-Unis, a reculé à 50 en septembre 2025, flirtant avec la zone de contraction (un seuil sous 50 signale une baisse de l’activité). Ce chiffre, bien en-deçà des attentes, aurait pu provoquer une correction sur les marchés. Pourtant, Wall Street est restée de marbre.
Si l’ISM est un baromètre clé de la santé économique américaine, son impact a été relativisé dans le contexte actuel. Les investisseurs semblent interpréter ce repli comme un argument supplémentaire en faveur d’une politique monétaire plus accommodante. Autrement dit, un ISM faible renforcerait la probabilité d’une baisse des taux directeurs, ce qui profiterait aux actifs risqués.
La liquidité, carburant principal de la hausse
L’un des facteurs majeurs expliquant la robustesse de Wall Street est l’abondance de liquidités sur les marchés. La perspective de voir la Fed réduire ses taux d’intérêt dès ce mois-ci — une anticipation désormais largement intégrée par les acteurs — entretient un environnement favorable à la prise de risque.
Selon Trading Economics, les marchés anticipent quasi intégralement une baisse de 0,25 point lors de la prochaine réunion de la Fed, suivie d’un probable second assouplissement en décembre. Cette politique monétaire ultra-accommodante alimente la hausse des actions, en particulier dans les secteurs de la technologie et des semi-conducteurs.
L’IA et la Tech, locomotives du rallye
L’effet OpenAI et la surperformance des technos
La vague d’optimisme autour de l’intelligence artificielle (IA) continue de porter Wall Street. La récente opération de financement d’OpenAI, qui a valorisé la société à 500 milliards de dollars, a servi de catalyseur pour l’ensemble du secteur technologique. Les valeurs phares comme Microsoft, Nvidia ou Alphabet profitent de l’afflux d’investissements et des attentes en matière d’innovation.
Le Nasdaq, index largement exposé à la tech, a progressé de plus de 1,3 % sur la semaine, atteignant également un record. Les valeurs des semi-conducteurs, à l’image de Applied Materials et Lam Research, sont cependant confrontées à la volatilité liée aux restrictions américaines sur l’exportation vers la Chine, mais l’engouement général pour l’IA compense largement ces inquiétudes à court terme.
Petites capitalisations et diversification sectorielle
Autre fait marquant : la surperformance des small caps (petites capitalisations). L’indice Russell 2000 a progressé de 12 % sur le troisième trimestre, illustrant une « breadth » (largeur de marché) saine et une diversification des moteurs de la hausse. Cette dynamique traduit un optimisme généralisé, au-delà des seules grandes valeurs technologiques.
Les secteurs de la santé et des services publics ont également tiré leur épingle du jeu, portés respectivement par l’actualité autour des prix des médicaments (notamment Pfizer) et par la baisse des taux d’intérêt, qui rend ces segments plus attractifs en période d’incertitude.
Les grands acteurs : entreprises et institutions à la manœuvre
Les entreprises en vedette
Plusieurs entreprises ont marqué l’actualité récente :
La Fed et les décisions de politique monétaire
La Réserve fédérale reste au centre de toutes les attentions. Les investisseurs scrutent chaque déclaration de ses membres à la recherche d’indices sur l’évolution des taux. La perspective d’un assouplissement monétaire, renforcée par la faiblesse de certains indicateurs comme l’ISM, constitue le principal moteur de la hausse actuelle.
Dans ce contexte, la publication des minutes de la Fed et les interventions des membres du FOMC seront surveillées de près dans les prochains jours. La moindre inflexion dans le discours pourrait provoquer des mouvements de marché significatifs.
Les risques sous-jacents : jusqu’où Wall Street peut-elle monter ?
Un rallye déconnecté des fondamentaux ?
Si la dynamique actuelle impressionne, certains analystes s’inquiètent d’une possible déconnexion entre la valorisation des actifs et la réalité économique. L’absence de statistiques officielles, en particulier sur l’emploi, prive les marchés d’une vision claire de la conjoncture. Cette « cécité statistique » pourrait masquer des fragilités, notamment une éventuelle dégradation du marché du travail ou un ralentissement de la consommation.
Par ailleurs, la forte progression des indices s’accompagne d’une extension marquée au-dessus des moyennes mobiles de long terme, signe d’un marché potentiellement suracheté. L’indice de volatilité (VIX), en recul à 16,40, traduit une complaisance qui pourrait rapidement s’inverser en cas de mauvaise nouvelle.
Les scénarios de sortie de crise
Trois scénarios principaux se dessinent pour les prochaines semaines :
Perspectives et tendances : que surveiller pour la suite ?
Les prochains catalyseurs
Les investisseurs attendent désormais plusieurs rendez-vous clés :
Les tendances de fond : IA, énergie, santé
Au-delà des soubresauts conjoncturels, plusieurs tendances structurelles continuent de soutenir la Bourse américaine :
Conclusion : Wall Street, entre euphorie et vigilance
La neuvième semaine consécutive de hausse à Wall Street, sur fond de shutdown et de statistiques économiques manquantes, restera comme un moment singulier dans l’histoire des marchés. Portés par la liquidité abondante, l’anticipation de baisses de taux de la Fed et l’enthousiasme autour de l’intelligence artificielle, les indices américains défient les lois de la prudence.
Mais cette euphorie n’est pas sans risque. L’absence de visibilité sur les fondamentaux, la possibilité d’une correction en cas de mauvaise surprise, et la dépendance à la politique monétaire imposent une vigilance accrue. Pour les investisseurs, l’heure est à la diversification et à la gestion active du risque, en restant attentif aux signaux faibles qui pourraient annoncer un changement de régime.
Plus que jamais, Wall Street démontre que la psychologie des marchés, la puissance de l’innovation et la réactivité des institutions peuvent, sur le court terme, l’emporter sur les fondamentaux économiques traditionnels. L’histoire jugera si cette séquence aura marqué le début d’un nouveau cycle ou le sommet d’une euphorie passagère. Une chose est sûre : la Bourse américaine n’a pas fini de surprendre.
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❓ FAQ - Questions Fréquentes
1. Pourquoi parle-t-on d’une 9e semaine de hausse à Wall Street ?
Malgré un contexte jugé défavorable (shutdown fédéral et indicateur ISM des services au plus bas), les grands indices américains ont poursuivi leur progression pour la neuvième semaine d’affilée. Selon Trading Economics, le S&P 500 a inscrit un record à 6 754 points au 6 octobre, soit plus de 18 % de hausse sur un an. Le Dow Jones et le Nasdaq évoluent également au plus haut, ce dernier ayant gagné plus de 1,3 % sur la semaine. Cette séquence étonne car elle s’est produite alors que la publication de nombreuses statistiques, dont les chiffres de l’emploi, était suspendue. Les investisseurs ont privilégié des facteurs de soutien comme la perspective de baisses de taux de la Réserve fédérale et l’enthousiasme autour de l’intelligence artificielle, qui ont alimenté un appétit pour le risque et porté l’ensemble du marché.
2. Qu’est-ce qu’un shutdown et pourquoi inquiète-t-il d’ordinaire ?
Un shutdown survient quand le Congrès américain ne vote pas le budget fédéral à temps. Il entraîne la suspension de multiples administrations, le gel de certains services et l’arrêt de publications économiques clés, notamment le rapport mensuel sur l’emploi. Habituellement, cette incertitude pèse sur les marchés, par crainte d’un frein à la consommation et d’un impact négatif sur la croissance. En octobre 2025, ce schéma a été bousculé : malgré la paralysie partielle de l’État fédéral et l’absence de données officielles, les indices américains ont inscrit de nouveaux sommets. Les investisseurs se sont concentrés sur des éléments jugés plus porteurs, comme l’anticipation d’un assouplissement monétaire par la Fed et le dynamisme du thème de l’IA, réduisant l’impact habituel du contexte politique.
3. Qu’est-ce que l’ISM des services et que signifie un niveau de 50 ?
L’ISM des services mesure l’activité du secteur tertiaire américain. Il est construit autour d’un seuil de 50 : au-dessus, l’activité est en expansion ; en dessous, elle se contracte. En septembre 2025, l’ISM des services a reculé à 50, au plus bas et tout proche de la zone de contraction, un chiffre inférieur aux attentes. En temps normal, un tel signal pourrait déclencher une consolidation des actions. Mais le marché l’a interprété différemment : un ISM faible renforce la probabilité d’une politique monétaire plus accommodante de la Réserve fédérale, donc d’éventuelles baisses de taux. Cette lecture « dovish » a relativisé l’alerte macroéconomique et soutenu les actifs risqués, contribuant à maintenir la tendance haussière.
4. Pourquoi l’absence de statistiques a-t-elle, paradoxalement, rassuré les marchés ?
Privés de repères traditionnels par le shutdown, les investisseurs ont recentré leur attention sur d’autres moteurs de décision : la liquidité disponible, les anticipations de baisses de taux et les annonces d’entreprises. D’après Charles Schwab, ils ont « fait fi » de l’absence du rapport sur l’emploi, préférant se projeter sur un assouplissement monétaire et sur l’effervescence liée à l’intelligence artificielle. Ce déplacement du regard a réduit l’impact de signaux macroéconomiques potentiellement négatifs à court terme et a favorisé la poursuite du rallye. En l’absence de données officielles, ce sont donc les conditions financières et la dynamique sectorielle (notamment technologique) qui ont servi de boussole aux opérateurs.
5. Que signifie « abondance de liquidités » et quel est le rôle de la Fed ?
L’abondance de liquidités renvoie à un environnement financier où l’accès au capital est perçu comme aisé et peu coûteux, ce qui encourage la prise de risque. Selon Trading Economics, le marché anticipe quasiment une baisse de 0,25 point lors de la prochaine réunion de la Fed, suivie d’un probable nouvel assouplissement en décembre. Cette perspective de taux plus bas diminue le coût du financement et attire les flux vers les actions, en particulier la technologie et les semi-conducteurs. La Fed est donc au cœur du mouvement : chaque déclaration de ses membres et la publication des minutes peuvent infléchir les anticipations, et donc la trajectoire des indices.
6. Quel rôle joue l’IA, et pourquoi l’opération OpenAI a-t-elle servi de catalyseur ?
L’IA est l’un des moteurs centraux du rallye. La levée de fonds d’OpenAI, valorisant la société à 500 milliards de dollars, a ravivé l’optimisme sur l’innovation et les perspectives de croissance du secteur. Des leaders comme Microsoft, Nvidia et Alphabet en ont bénéficié, tandis que le Nasdaq, fortement exposé à la tech, a progressé de plus de 1,3 % sur la semaine pour atteindre un record. Les valeurs de semi-conducteurs (Applied Materials, Lam Research) demeurent volatiles en raison des restrictions américaines à l’export vers la Chine, mais l’engouement global pour l’IA compense, à court terme, ces risques spécifiques et soutient la progression des indices.
7. La hausse est-elle « large » ? Que signifie la breadth et quel rôle pour les small caps ?
La breadth désigne la largeur de marché, c’est-à-dire l’étendue de la hausse au-delà de quelques grandes capitalisations. Le Russell 2000, indice des small caps, a gagné 12 % au troisième trimestre, signal d’une progression plus diffuse. Cette diversification renforce la crédibilité du rallye, qui ne repose pas uniquement sur les géants de la tech. D’autres segments ont aussi performé : la santé, portée par l’actualité sur les prix des médicaments (notamment Pfizer), et les services publics, rendus plus attractifs par la baisse des taux. Cette participation élargie des secteurs et des tailles de capitalisation plaide pour un marché haussier plus robuste.
8. Quelles entreprises ont particulièrement marqué l’actualité récente ?
Plusieurs dossiers se distinguent. Tesla a annoncé des livraisons supérieures aux attentes, en hausse de 7 % sur un an, et son titre progresse d’environ 70 % sur un an malgré une volatilité persistante. Apple reste scrutée, même après une note abaissée par Jefferies, notamment sur fond de rumeurs autour d’un iPhone pliable. Pfizer a profité d’accords avec la Maison Blanche concernant le prix des médicaments, dynamisant le secteur santé. Enfin, OpenAI a été valorisée 500 milliards de dollars lors de sa dernière levée de fonds, symbole de l’appétit pour l’innovation technologique et du rôle central de l’IA dans le rallye.
9. Quels sont les principaux risques qui pèsent sur cette hausse ?
L’article souligne plusieurs fragilités. L’absence de statistiques officielles crée une « cécité » sur les fondamentaux, pouvant masquer une dégradation du marché du travail ou de la consommation. Les indices évoluent nettement au-dessus de leurs moyennes mobiles de long terme, signe possible de surachat. Le VIX en repli à 16,40 traduit une certaine complaisance qui pourrait s’inverser rapidement en cas de mauvaise nouvelle. Enfin, la dépendance à la politique monétaire expose le marché : un changement de cap de la Fed face à l’inflation ou à une surchauffe des marchés pourrait provoquer une correction brutale.
10. Quels scénarios envisageables pour les prochaines semaines ?
Trois trajectoires principales sont mises en avant. 1) Prolongation du shutdown : la publication des données économiques resterait retardée, maintenant les marchés dans une zone d’incertitude. 2) Accord budgétaire et retour des statistiques : la reprise des indicateurs, dont l’emploi de septembre et d’octobre, pourrait réserver des surprises positives ou négatives et entraîner des ajustements rapides. 3) Changement de cap de la Fed : si la banque centrale durcissait sa politique face à l’inflation ou à une surchauffe, la correction pourrait être brutale. Dans tous les cas, la sensibilité aux signaux monétaires et aux annonces d’entreprises restera élevée.
11. Quels catalyseurs et indicateurs faut-il surveiller maintenant ?
Plusieurs rendez-vous clés se dessinent. Sur le plan monétaire, les commentaires des membres de la Fed et la publication des minutes pourraient préciser le calendrier des baisses de taux. Sur le plan macro, la réouverture des administrations et la publication des chiffres de l’emploi de septembre et d’octobre seront déterminantes. Sur le plan micro, les résultats trimestriels des grandes entreprises, notamment technologiques, serviront de baromètre de l’activité réelle. Enfin, le contexte géopolitique, en particulier autour de la Chine et du Moyen-Orient, est susceptible d’alimenter la volatilité.
12. Que faire en tant qu’investisseur dans ce contexte ?
L’article recommande de conjuguer opportunisme et prudence. La hausse est portée par l’abondance de liquidités, l’anticipation de baisses de taux et l’enthousiasme autour de l’IA, mais l’absence de visibilité sur certains fondamentaux et la dépendance à la Fed imposent une vigilance accrue. Les maîtres-mots sont diversification et gestion active du risque. Rester attentif aux signaux faibles (évolution du discours de la Fed, surprises sur les données d’emploi, publications de résultats) et aux minutes du FOMC permet d’ajuster l’exposition. L’objectif est de profiter d’un environnement porteur tout en se préparant à des ajustements rapides en cas de mauvaise nouvelle.